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Qu’est ce que le Tantra peut nous apporter aujourd’hui et comment en faire la découverte? Gérard Longuet ostéopathe et animateur de stages de Tantra depuis 40 ans et Nathalie Giraud-Desforges sexothérapeute et animatrice elle aussi, se sont prêtés au jeu des question de Corinne Fontaine, sexothérapeute et pour cette fois-ci un peu journaliste.

Le Tantra est une forme de yoga

Pour Gérard Longuet, le Tantra est en premier lieu une forme de yoga c’est à dire avant tout un enseignement basé sur l’expérience pratique et dont l’objectif principal est la recherche de l’union de soi à soi (avec soi-même). La philosophie tantrique engage le/la pratiquant.e dans sa globalité c’est à dire que la personne entre dans la pratique avec toutes les parties de lui/elle: son corps comme outil et aussi théâtre de son expérience. Il/elle y entre également avec son système d’énergie et avec sa conscience. L’expérience d’une nouvelle coopération entre les différentes parties de soi : corps, énergie et conscience, permettent une ré-intégration progressive qui impacte directement sa capacité relationnelle et en conséquence la qualité de la relation. Il me semble utile, pour être clair, de préciser l’étymologie du nom. Tantra se décompose en « Tan » qui signifie « Le Tout » et « Tra » tisser. Plus qu’une méthode d’expansion de conscience, c’est un art de vivre, d’ouverture du coeur et un art d’aimer et de se relier à Soi et à l’Autre le Tantra traditionnel est un ensemble de courants spirituels issus des cultures de l’Inde, du Tibet, du Bhoutan, de Chine, d’Indonésie, du Népa qui existent depuis plus de 7000 ans. Ces techniques, longtemps orales puis écrites en sanskrit ont commencé à être appréciés en occident à partir des années 60/70. Ces courants véhiculent un enseignement si vivant, multiforme et adaptatif qu’ils ont naturellement trouvé une forme contemporaine parfaitement adaptée à nos questions et nos problématiques occidentales.

Le tantrisme ne sépare pas, il unit

Une des principales problématiques qui se pose à nous occidentaux, est la nécessité impérative de recréer du lien, de la relation. Tout d’abord, en commençant par de la connexion avec soi puis entre soi et le monde. En fait, 4 points de ruptures relationnelles se sont insidieusement cristallisés au cours du temps en occident. Tout d’abord, une évolution de nos croyances, nous a fait considérer le corps et l’esprit comme deux entités séparées. Cette séparation entre ces deux parties de nous a matérialisé la déconnexion du corps et de l’esprit. Ensuite, notre culture a opposé la séparation du monde affectif et celui et de la sexualité. Il s’en est suivi une difficulté à garder en connexion équilibrée entre notre coeur et notre sexe. Puis, ce sentiment de rupture interne s’est cristallisé par la conviction d’être séparé de la nature. Cette attitude est venue renforcer et légitimer nos besoins d’individus au détriment du collectif et de la nature. Ce mode de fonctionnement a pour conséquence d’affecter directement le sentiment d’unité de l’individu. Et crée un sentiment de séparation entre soi et le monde avec la création d’un « espace » intérieur et un extérieur. Des ces différentes croyances sur soi et sur le monde et les modes de fonctionnements qu’elles génèrent, une fois acquis, en découlent des dysfonctionnements relationnels voire pathologiques auxquelles la pratique du Tantra, dans son interprétation contemporaine, peut apporter des réponses concrètes satisfaisantes. La pratique Tantrique, permet de tisser de nouvelles connexions entre notre corps, l’énergie et la conscience. Elle invite l’être humain à élever son niveau de conscience, la compréhension de soi et du sens de l’existence en même temps que son niveau d’énergie vitale pour améliorer sa créativité.

Le corps comme temple de la rencontre avec soi

Notre corps est la clé de voûte de la cathédrale tantrique si on en croit André Van Lysebeth célèbre auteur sur le Tantra. Il recèle, dans ses profondeurs, des potentialités extraordinaires dont la plupart restent cachées ou en friche. Ces qualités ne demandent en fait qu’à s’éveiller et à se déployer. Dans la pratique, le yoga tantrique nous invite à utiliser toutes les situations, y compris les plus ordinaires de la vie comme par exemples : respirer, manger, penser, de déplacer, être en relation pour y mettre de la conscience et de la présence. Ce nouveau mode de fonctionnement, plus conscient, favorise la libération de notre énergie vitale profonde, aide à dénouer nos blocages émotionnels jusqu’à se rencontrer soi-même comme un être complet prêt à sortir de ses conditionnements. En amenant de la conscience et de la présence dans son corps, on gagne en «sensorialité», en fluidité, en énergie et en liberté.  

Tantra et sexualité

La sexualité est souvent le point d’accroche des occidentaux avec la philosophie tantrique. Beaucoup envisage le Tantra comme un moyen de devenir «plus performant.e» en sexualité. Du fait qu’elle soit très codifiée et conditionnée dans nos sociétés, l’activité sexuelle est souvent source d’incompréhension et de confusion et de grande frustration. La démarche tantrique modifie considérablement l’approche de l’acte sexuel. Elle redéfinie la nature même de la relation et de l’objectif de l’acte sexuel en proposant un recentrage fondamental en plusieurs étapes et fondée sur l’expérience. Un certain nombre de pré-requis sont nécessaires pour transformer ses relations sexuelles, entre autres:

  • Prendre conscience de l’intelligence de notre corps, de sa capacité à ressentir, à apprendre
  • Prendre la responsabilité de son désir
  • Ne pas le projeter sur l’autre
  • Revenir aux sensations du corps et à sa respiration pour ne pas se perdre dans les sensations
  • Mettre de la conscience et de la présence dans la circulation de ses énergies vitales et émotionnelle en soi et avec soi
  • Apprendre la contention pour remettre en circulation son énergie dans un circuit de verticalité, du bas vers le haut et vice versa
  • Choisir de relier son sexe à l’espace du coeur et son coeur à son sexe

Alors de la sexualité souvent pulsionnelle et répétitive nait alors une méditation à deux, source d’élévation et de communion profonde dans un équilibre entre notre part réceptive et notre part active ou émissive. Nathalie, qui a découvert le Tantra par la porte du corps et de la conscience et de la présence dans le corps est entièrement d’accord. Pour elle, le Tantra est très concrètement l’art de mettre de la présence dans nos actes. C’est se poser la question « qu’est-ce que je suis en train de faire? Comment est-ce que je suis en train de le faire ? Pourquoi? etc. » Mettre de la conscience dans le corps, écouter ce que l’on ressent, c’est donc « habiter sa pensée ». C’est relier ses sensations avec ce qui se passe dans la tête. Via différentes pratiques tantriques, on apprend à pleinement profiter du moment présent et à être dans le plaisir. Non pas un plaisir offert par l’autre, mais un plaisir dont nous sommes la source. L’autre n’est pas le guide dont on attend les réponses à nos besoins. Le guide c’est soi-même. Donc oui, le Tantra est un yoga dans le sens où le corps est l’invité et en même temps, le passage pour des sensations, les émotions et un ressenti pour être incarné dans ce qui se passe dans le corps. Le Tantra est donc un art de vivre, un art d’aimer, un art d’être présent à soi.

Le Tantra pour révéler le meilleur de nous-même

Gérard ajoute que le Tantra est un vrai chemin d’incarnation dans le présent, dans son corps. Une pratique continue de chaque instant au travers de prises de conscience successives se construit peu à peu un nouveau mode de fonctionnement plus harmonieux et plus conscient. Pour révéler le meilleur de soi-même, un certain nombre de prises de conscience sont nécessaire:

  • Celles de nos processus internes, comment je fonctionne à l’intérieur de moi?
  • Comment je fonctionne quand je suis en relation?
  • Quel est mon mode de fonctionnement quand je suis dans la Nature?
  • Puis-je agir sur mon système d’énergie dans ces principaux contexte et comment ?

Tantra et la Nature

Un autre élément est déterminant dans la pratique Tantrique est celui de la Nature. Elle agit comme un révélateur extrême de nos comportements, en effet notre nature intérieure est comme un miroir de la nature extérieure. Par exemple, lorsque nous observons un paysage grandiose, la première chose qu’on ressent en « effet miroir », c’est la beauté, la puissance, l’espace, quelque chose de plus grand que nous qui nous dépasse et peut nous donner le vertige. Pour le Tantra, on ne pourrait pas percevoir cette grandeur, cette beauté si on ne les vivaient pas à l’intérieur de soi. Si le simple fait de rencontrer un beau paysage ne nous rend pas plus beau, cela nous met néanmoins en contact avec une dimension intérieure plus belle, plus grande, plus vaste de nous-même. La pratique Tantrique permet de révéler, de mettre en conscience, en pratique, en corps, nos qualités les plus lumineuses, les plus subtiles. L’expérience nous confirme que la lumière ne peut pas exister seule et qu’en même temps qu’apparaît la lumière se lèvent nos ombres! C’est la raison pour laquelle, la philosophie tantrique insiste sur la nécessité absolue de se relier au coeur. Cette reliance est la garantie, la boussole qui va nous aider à grandir en humanité. Un corps sain, un esprit sain, un coeur sain, une pratique sincère conduisent à une transmutation de notre énergie vitale et à une ouverture de notre champ de conscience, ainsi qu’au déploiement d’une créativité plus riche, tout en nous révélant à notre vraie nature.

Faire des choix en conscience

Le Tantra est une démarche à la fois créative, d’incarnation, de révélation de nos ombres et de nos lumières et qui nous met en situation de faire des choix conscients.

On a toujours la possibilité de choisir l’ombre ou la lumière. Et je crois que si on choisit le camp de la vie, on peut choisir le Tantra sans se tromper. Gérard Longuet

En entrant dans la notion de l’énergie ou de la vibration intérieure et en en prenant conscience. Nathalie souligne qu’elle a dû poser des limites à l’extérieur, et donc commencer à faire des choix. À dire non d’une façon beaucoup plus franche et directe. Ces propositions de rencontre de soi et de l’autre l’ont amenée à poser un NON beaucoup plus conscient et éclairé et d’éviter de donner des OUI pour faire plaisir ou par peur par exemple. Et donc, ce chemin vers nos croyances, nos ombres, amène cet éclairage sur nos mécanismes internes. C’est là la voie du Tantra qui est un chemin de guérison qui nous amènent à plonger plus profondément en nous-même.

Ne plus se figer dans nos comportements

Gérard qui est ostéopathe ; une technique de soins qui vise à redonner de la mobilité et de la respiration dans le corps, voit dans le Tantra un complément indispensable à sa pratique pour amener de la conscience et de la compréhension en cas de stagnations ou de manque d’énergies. Par nos éducations, et notre façon de vivre, nous sommes très conditionnés. Nos croyances, nos apprentissages et aussi par nos expériences nous enferment dans des comportements répétitifs. Nous avons tendance à répéter et à rechercher les expériences agréables et en même temps, nous essayons d’éviter celles qui nous font souffrir ou nous déplaisent. Le Tantra est un outil d’éclairage et de prises de conscience de ces mécanismes.

J’ai pris conscience dans ma vie personnelle, sexuelle, émotionnelle, relationnelle, familiale, combien je pouvais être conditionné. Et toujours rechercher les mêmes expériences pour leur intensité et pour leur côté agréable. Passé le sentiment de culpabilité, ce fût une prise de conscience positive et libératrice Nathalie Giraud-Desforges

Le Tantra va permettre de mettre en lumière la complaisance qui accompagne nos conditionnements.
Je me trouvais toujours de bonnes excuses, et quand où j’ai été en mesure d’y mettre plus de conscience, de faire ce qu’il faut pour remettre en circulation mon énergie plutôt que de la figer et entretenir avec complaisance des comportements appris, j’ai vraiment compris que s’ouvrait devant moi un champ d’expérience, un espace de liberté inimaginable. Je n’ai pas envisagé le Tantra comme un moyen de me guérir de quoi que ce soit, une thérapie! Mais comme un exercice pratique qui m’a ouvert à une compréhension réelle de qu’est l’expérience d’être. Nathalie Giraud Desforges

Bienveillance, respect de soi et recul

Nathalie ajoute que le Tantra lui a appris à s’accepter avec bienveillance et à voir que le regard qu’elle avait sur elle-même était extrêmement critique et ce, pour toutes sortes de raisons, de conditionnement, de croyances. «Si tu es une fille, tu ne dois pas trop te vanter… Si tu es belle ne soit pas trop intelligente… Tu peux être intelligente pas trop belle… »» Le Tantra nous apprend à nous regarder avec plus d’amour. C’est donc un chemin d’amour de soi-même et de respect. Grâce au focus sur le corps, plutôt que de se couper de la sensation désagréable et de fuir dans la tête, le Tantra propose de laisser monter la sensation et de la traverser. Au lieu de laisser de l’énergie stagner, cette attitude permet de remettre du mouvement en restant conscient.e du processus qui nous traverse. Que ce soit des émotions, des sensations, des jugements, etc. Et dans le même temps, le Tantra permet de faire l’expérience de ne pas être dans ce flot, de rester observateur ou observatrice avec bienveillance de ce processus. Sans s’identifier « Je ne suis pas cette partie qui est mauvaise ou qui est à éliminer. Je la regarde, je l’accueille et je l’aime et je m’autorise à utiliser cette énergie comme une énergie de transformation . »

L’énergie sexuelle dans le Tantra

L’énergie sexuelle peut dans certains cas être assez embarrassante. La plupart du temps on se sait trop quoi en faire et on va avoir tendance à la projeter à l’extérieur. Grâce au Tantra, cette énergie peut être accueillie comme étant une énergie vivante en soi. Cette énergie constitue un réservoir de vie tout puissant puisqu’il est là pour créer la vie. L’originalité du Tantra est de proposer d’accompagner cette énergie sexuelle autrement que dans la projection. Ce n’est pas seulement une métaphore. Car, effet, quand l’énergie sexuelle nous submerge la plupart du temps nous la projetons à l’extérieur. Nous « projetons » notre désir souvent sur l’objet du désir et non sur le sujet de notre désir, avec le risque de se perdre. La proposition du Tantra, c’est de prendre conscience de cette énergie et de l’accompagner dans sa transformation. C’est un processus d’allégement. Au départ. l’énergie est très concentrée voir explosive. Si on l’accompagne, par exemple avec la respiration ou avec la détente, cette énergie va pouvoir trouver un espace de respiration, se dilater et prendre une direction intérieure au lieu de prendre la direction de l’extérieur. Cette direction intérieure c’est celle de la verticalité et donc l’énergie va ouvrir d’autres centres, comme le coeur et l’esprit. Elle va venir notamment nourrir le centre du cœur. Peut-être aussi créer un lien entre l’espace de la sexualité et l’espace de la parole, qui en fait, devrait être habité par la douceur, non par la violence. Alors évidemment, quelque chose de très orgasmique peut déclencher des cris de joie mais la pratique tantrique va mettre de la fluidité dans ce processus, de la légèreté donc créer un lien entre la région du sexe, le cœur, la communication, la parole et puis une ouverture vers des espaces plus larges. On peut alors parler de non-dualité, c’est-à-dire la perception que nous sommes des individus ayant conscience de notre individualité mais en même temps en lien avec le Tout. On ne va plus se perdre dans la séparation, ni rentrer dans la fusion par exemple de la sexualité où on va se perdre dans l’autre, cela devient deux vagues ou deux arbres qui se rencontrent chacun avec sa profondeur, ses racines mais aussi son mouvement. Entrer dans la pratique tantrique est une promesse de grande liberté.

Abordez l’acte sexuel comme si vous entriez dans un temple sacré. Considérez l’acte sexuel comme une prière, une méditation. Percevez son côté sacré. Osho

La liberté dans le Tantra

Nommer les parties de son corps, les rencontrer toutes sans qu’il y ait de partie honteuse a aussi été une grande joie pour Nathalie. Dans notre éducation, il y a souvent une partie haute et noble: la tête, et une partie basse un peu sale ou honteuse… le corps et surtout le sexe. « Prendre conscience de mon périnée a été un point d’ancrage pour moi. J’ai pris conscience qu’il était vivant. J’avais fait 50 séances de kiné de rééducation, des exercices de Kegel mais je n’avais pas conscience de mon périnée. Avec le Tantra, j’ai commencé à être plus attentive à ce qui se passe au niveau de mon périnée et à ce moment-là, à pouvoir avoir cette conscience de l’énergie et ne plus avoir peur des sensations. J’ai appris à ressentir et aimer ces vagues d’énergie. » Et dans cette disparition de la peur, il y a de la détente donc du relâchement. Puis de la présence et de l’énergie qui circule librement. Il n’y a plus la sensation de perte. En effet, souvent dans l’activité sexuelle, il y a une espèce de vagues, de montée en puissance de l’énergie avec un paroxysme et puis ça déraille et tout derrière une chute très importante de l’énergie. En tant qu’homme, nous partage Gérard, « j’ai senti dans ma vie que l’apport principal du Tantra, c’était de me permettre d’accompagner cette montée de l’énergie en conscience de la maintenir plus longtemps, c’est-à-dire de surfer et accompagner la vague ». Cette vague, cette onde, peut effectivement être accompagnée en douceur, grâce à la volonté consciente. On se laisse porter par l’énergie et du coup il y beaucoup plus de présence, de disponibilité ou sensations, de sensations, d’énergie, et aussi plus de présence à l’autre. Dans l’espace amoureux, on apprend à devenir le mouvement. Ce qui veut dire que ce ne sont pas deux personnes qui font l’amour mais c’est l’amour qui se fait à travers deux personnes qui perdent aussi les limites, les frontières de leur volonté, de leur individualité. C’est donc l’amour qui est en mouvement. Dans notre culture judéo-chrétienne c’est une grande découverte de constater qu’il est possible d’entrer dans ces espaces de plaisir, mais aussi de béatitude.

À la rencontre de l'extase tantrique
Le Tantra permet aussi de ressentir l’extase. « Avant ça ne voulait rien dire pour moi», partage Nathalie. « En fait mon corps vibrait mais un jour, mon cœur a commencé à vibrer aussi, à se remplir. Et ma tête aussi s’est emplie, et cette vibration se faisait avec l’autre. Je n’étais plus dans mon plaisir solitaire, mais j’étais avec l’autre et l’autre pouvait me rejoindre aussi. Deux consciences qui se rejoignent. Dans ces moments là, le baiser avec les yeux, avec le souffle, avec toute l’intention qui est présente, prend une dimension quasi mystique. » Cette présence absolue évite que l’on s’évade dans un scénario pour essayer de s’exciter par exemple. On est avec le mouvement. Il n’y a plus d’anticipation de quelque chose qui pourrait arriver, de ce que l’on pense devoir faire, de la peur de mal faire etc. Il n’y a plus que le mouvement, la vague, le souffle, le partage, l’union. Et « après c’est comme si tu étais rempli d’amour » pendant plusieurs jours. Ça semble peut être abstrait voir inaccessible mais c’est vraiment pratico-pratique. Ça se passe vraiment dans le corps, dans la présence à soi. Une des clés c’est aussi le non-jugement. C’est-à-dire que ça sert absolument à rien d’essayer de décortiquer ou comparer les expériences. Il suffit s’être présent dans le processus. Et cet art du Tantra, vient exactement répondre aux difficultés d’un homme moderne ou une femme moderne à notre époque a en général, c’est à dire, le manque de discernement. On croit savoir comment il faut faire, on développe plein de stratégies, notamment dans dans les rapports personnels ou amoureux, alors que l’idée est juste d’accueillir ce qui est.
Comment s'initier au tantrisme ?
Ça ne semble peut être pas si facile mais avec une pratique correctement accompagnée, avec quelqu’un de suffisamment formé, bienveillant, conscient de la délicatesse de la sexualité, c’est tout à fait possible. On ne peut s’improviser Tantrika juste parce qu’on l’a décidé. Il y a la nécessité d’un retour, d’avoir un.e guide. Ce peut être quelqu’un.e qui a déjà fait le chemin un peu, qui connaît les embûches et qui sait où ça peut dérailler notamment dans la manière dont on regarde les conditionnements. Généralement, il y a un entretien préalable à toute inscription ce qui permet à l’animateur.e de vérifier le désir de la personne et aux futurs participants de sentir s’il ou elle pourra pratiquer en toute confiance.
Que fait-on dans un stage de Tantra ?
On pratique du mouvement, on respire, on travaille sur la présence à la rencontre. On pratique le massage parce que le massage est une des clés pour se rencontrer. Se rencontrer soi, rencontrer la sensation sur son corps et ses propres mains mais aussi des mains de l’autre et de rester dans cette conscience. On ne parle pas de techniques de massage style mais d’une danse du corps, la qualité du toucher. Toucher, être touché est fondamental dans la construction de l’individu. « Je pense que le Tantra parle vraiment des racines de l’humain » évoque Gérard. Dans un stage, la première chose qu’on fait c’est de se détendre. On va arrêter de se mettre des enjeux. On stoppe son travail, on coupe son portable… On prend des vacances. Que l’on vienne seul.e ou accompagné.e (souvent pour se sentir plus en sécurité) ou passer du temps avec une personne aimée. Et pour se pouvoir se laisser aller et se sentir en sécurité, il y a un contenant, un cadre. Notre job en tant qu’animateurs est justement de poser et veiller au respect de ce cadre. Un cadre de temps, un cadre de lieu, de pratiques dans lequel on va apprendre des choses sur soi. C’est un espace consacré pendant quelques jours à des pratiques qui vont engager le corps, la conscience de soi, la responsabilité de soi. On va expérimenter le consentement, (dire oui dire non, dire ce qui est bon ou non pour soi). On va aussi découvrir des choses qu’on connait peu ou avons expérimenté dans d’autres contexte. Par exemple le massage pratiqué dans les ateliers de Tantra sont très différents des massages pratiqués en spas. Ici, on met de la conscience dans le toucher. Être touché et toucher l’autre. On va également faire des pratiques d’éveil corporel tels que yoga, qi gong, de la respiration… On va aller dans la nature. On va prendre du temps pour soi et pour se rencontrer. On va proposer des techniques de méditation, non pas pour rester assis silencieusement dans un coin, mais pour remettre en route notre énergie soit pour l’alléger soit pour la densifier. Si on a tendance à être un peu dans les nuages et planer, on va proposer des méditations qui vont ramener dans le corps, dans la présence. Si à l’inverse on est plombé.e, fatigué.e, on va proposer des techniques de respiration et méditation qui vont ramener de l’énergie. On va aussi apprendre à fonctionner avec les autres, voir nos modes de fonctionnement avec les autres. Être plus respectueux de la relation. C’est plein de petites clés qu’on découvre dans les pratiques tantriques pour nous donner du champ pour comprendre ce qu’est la relation et comment trouver sa place dans la confiance, dans le respect de soi et de l’autre. C’est un espace pour rencontrer différemment l’autre. Les propositions de Tantra déconstruisent un formatage (lui il est comme ci, elle , elle est comme ça…) qui empêchent la rencontre. Le tantrisme propose des techniques, des guidances pour rencontrer l’Etre. Se poser, être avec, respirer et voir ce qui se passe. Là, on rencontre avec authenticité l’autre. On rencontre un autre humain.
Comment le Tantra peut-il changer nos façons d'entrer en relation ?
La connexion ne se fait plus au travers du besoin de plaire. À partir du moment où je sais qui je suis, je n’ai plus besoin d’être rassuré.e par l’autre puisque je suis rassuré.e par moi-même. Et je peux choisir de me relier – ou pas, être dans le choix de la relance et non la nécessité asservissante. Je te rencontre dans l’envie plutôt que dans le besoin. C’est une façon de fonctionner à partir de sa vraie authenticité. D’être vraiment dans la disponibilité de l’être et l’authenticité de l’instant. Et parfois, en ralentissant ce processus d’authenticité, y trouver de la détente et pouvoir y placer de la tendresse. Ce sont des modes de fonctionnement difficiles d’accès notamment pour les hommes. Le simple fait d’être authentiquement sensible ouvre l’espace pour soi et pour l’autre. Dans le Tantra en créant cette situation on s’autorise à être authentique car c’est la clé de la relation. C’est plonger dans sa propre sensibilité c’est aussi parfois plonger dans sa peur d’être qui on est et pouvoir s’ouvrir et montrer qui on est. Plutôt que de se cacher derrière un masque. Ça commence par s’aimer soi, et dire « je suis comme je suis, j’aime la personne que je suis, j’aime mes zones d’ombre, je suis plus en accord avec elles et je peux travailler dessus, les traverser, les transformer ». Le Tantra est un chemin de transformation, un voyage intérieur de rencontre et de transformation dans ma relation aux autres. On y trouve plus de rires, de joie, de légèreté, d’authenticité. Prenons une situation de peur, quelle qu’elle soit, comme par exemple danser quand on s’en sent incapable, se faire masser par un homme quand on en est un et qu’on a peur de l’homosexualité, etc. Lorsque l’on se retrouve en situation avec un apprentissage progressif, il y a possibilité de transformation de la peur « qui empêche » vers de la curiosité, le désir en sécurité de faire une expérience, de découvrir un autre mode de fonctionnement, d’autres facettes de soi, sans pour autant se renier. S’autoriser à vivre des situations différemment, avec plus de conscience, d’ouverture, c’est une promesse intéressante. Et c’est une des pépites avec lesquelles nous repartons d’un stage de Tantra. Les personnes qui viennent aux Estivales du Tantra ou en stage de Tantra repartent avec bien plus qu’une petite pépite. Ils repartent avec des prises de conscience qui sont multiples. Elles peuvent être au niveau relationnel, dans leur vie professionnelle, familiale, sexuelle, amoureuse, etc.
Qu'est-ce que le "sexe tantrique" ?
C’est le mot sexe qui amène plein de projection. La plupart du temps les néophytes imaginent pénétration ou acte sexuel de coït. Mais il suffit d’enlever sexe pour le remplacer par « rencontres intimes » des corps qui se touchent, se respirent, se rencontrent. Et là ça devient moins scabreux. Sexe tantrique est une appellation qui peut faire vendre mais qui est sujet à toute sorte d’interprétations. Disons plutôt une rencontre intime de choix, de conscience, de limites consenties entre adultes qui se découvrent et qui exploitent leur potentiel d’extase, d’orgasme, de puissance, de plaisir en étant rechargés plutôt que déchargés. Souvent la notion de sexe est assimilée à une région spécifique du corps. Dans la pratique tantrique la région du sexe ou l’activité sexuelle ou l’énergie sexuelle sont regardés autrement. La sensorialité est étendue à l’ensemble du corps. Le corps entier devient un organe de plaisir si on apprend à délocaliser la notion de plaisir. On découvre que chaque partie du corps est chargée de terminaisons nerveuses qui peuvent nous conduire à des manifestations extatiques. Dans la notion sexe, il faut ajouter la notion de relation ou plutôt de rencontre. Il s’agit d’avoir des relations de personne à personnes qui peuvent éventuellement être polarisées au niveau du sexe, du coeur et spirituellement mais aussi dans la verticalité. Dans la pratique tantrique, on a une notion d’énergie qu’on appelle une vague. Une vague ça bouge c’est vivant c’est nourrit à la source par une grande quantité d’énergie et c’est la conscience de ce mouvement qui va permettre de ressentir quelque chose. Si on est dans un bain à 37° et qu’on ne bouge pas, on ne sent pas l’eau. Par contre si on bouge on a des sensations. L’amour c’est la même chose : si je suis statique, conditionné par mes croyances, mes attentes, mes habitudes, je vais chercher à ressentir quelque chose de connu. Or, si je suis dans une attitude de respiration en face que quelqu’un sans forcément la toucher il va y avoir une circulation d’énergie, une vague respiratoire, une vague émotionnelle, une vague d’énergie qui circule de l’un à l’autre. Et si on est assez attentif on peut sentir que cette pratique va actionner de l’énergie dans différentes parties du corps mais aussi dans l’ensemble du corps. Et ça peut se transformer en danse. Et pendant que les yeux se parlent, alors les corps peuvent commencer à se rapprocher et laisser monter l’excitation, se charger de désir. Ça apprend à être dans l’amour différemment avec le coeur chargé où tout le corps s’embrasse même sans faire de mouvement de va-et-vient parce qu’un infime mouvement va créer des sensations de vague orgasmique. Le Tantra est un moyen d’entrer dans un orgasme complet du corps, de l’esprit et de le partager. C’est un chemin vers une communion.
Faut-il venir en couple ou peut-on venir seul.e ?

On vient comme on est, comme on veut, selon la sensibilité de chacun.e, et comme on se sent en sécurité. Si vous êtes seul.e, vous vous sentez seul.e, vous vous vivez seul.e, vous pouvez bien sûr venir faire une première expérience tantrique.

Souvent les participant.es viennent accompagné.es d’un.e ami.e pour se sentir plus en sécurité.

Evidemment ça peut être très bénéfique dans un couple et une occasion exceptionnelle de transformer une relation de couple, de nourrir l’engagement. Il faut savoir que si votre couple ne va pas très bien, il faut s’attendre à des changements potentiels et il faut prendre la mesure du risque de changement. L’expérience du Tantra peut être très bénéfique dans un couple en terme de prise de conscience des dysfonctionnements, des attachements, des choses possibles à améliorer et ça peut être une occasion exceptionnelle de transformer la relation de couple. Ça peut aussi être l’occasion de nourrir l’engagement, le revisiter. On peut aussi venir pour apprendre autre chose autrement et passer du temps ensemble. Et pourquoi pas célébrer la joie d’être ensemble?

Une chose est sûre, le Tantra n’est pas une agence matrimoniale! Néanmoins les événements tantriques offrent la possibilité de faire des rencontres et des expériences. Elle peuvent être agréables comme désagréable et ça fait partie du jeu. On peut y faire des rencontres et de très belles rencontres parfois, mais il n’y a pas d’expérience sexuelle pendant les pratiques au sens où on pourrait l’entendre parfois. Il n’y a que de l’énergie qui circule, des prises de consciences.

Pour en savoir plus sur la pratique du Tantra en couple nous vous invitons à lire notre article dédié aux couples.

Y-a t-il de la nudité dans les stages de Tantra ?
Lors des massages, c’est proposé et plutôt indiqué. Néanmoins, la nudité n’est en aucun cas obligatoire. C’est une façon de se rencontrer soi et découvrir comment on se sent avec son corps. Certaines personnes seront à l’aise sur ce chemin, et d’autres moins. C’est un moyen d’expérimenter sa relation à son corps et à la nudité des corps. Evidemment, il y a un processus pour arriver à la nudité. Ce n’est en aucun cas une proposition qu’on fait dès les premières minutes d’un stage! Et il est toujours possible de garder une pièce de vêtement. Chacun est libre de ses choix. Certains ateliers et temps proposent la nudité mais c’est loin d’être le gros des propositions. Et en tout cas, c’est un outil comme un autre pour se rencontrer dans d’autres espaces de soi, lever les masques. Il ne s’agit pas d’exhiber son corps dénudé mais de se dépouiller de ses masques, ses conditionnements intérieurs. La nudité est normalement amenée avec beaucoup de respect, de délicatesse et en aucun cas n’est imposée. Même lors d’une proposition de massage, on peut garder des vêtements. La proposition du Tantra est vraiment d’aller vers son propre cheminement, trouver sa liberté et non de poser des contraintes.
Le Tantra est-il une thérapie ?
Lors d’une thérapie, il y a un contrat même implicite pour « être soigné ». Or on vient explicitement au Tantra pour faire l’expérience de nos mécanismes. Si quelque chose dans la pratique du Tantra est révélée alors, ce doit être traité en thérapie ailleurs et non dans le cadre d’un stage de Tantra. Lorsque vous pratiquez le Tantra ne vous attendez pas à vivre une thérapie accélérée dans laquelle d’autres personnes vont prendre soin vous et vous accompagner pas à pas comme dans une relation thérapeutique. Cette proposition se vit uniquement dans un cabinet thérapeutique. On vient au Tantra pour prendre soin de soi et faire des expériences qui peuvent amener dans un espace de guérison ou dans un espace ou la blessure est révélée et devra être soignée avec un thérapeute.
Comment s'y retrouver dans tous les types de Tantra ?
Néo-Tantra, Tantra de la main gauche, de la main droite, Tantra noir, blanc, rouge, Tantra traditionnel… Il est vrai qu’il existe bien des Tantras! Notre société a besoin de classifier et mettre dans des cases pour se rassurer! Or à l’origine, Tantra signifier tisser des liens avec soi, avec les autres, avec le monde. Voilà sa définition universelle. Il est impossible de savoir ce qu’était le Tantra il y a 7000 ans dans les régions reculées de l’Inde, du Tibet, du Népal, où les maîtres avaient un rayon d’action de 50 km maximum et où leurs propres disciples disant le contraire d’eux-même 20 à 30 ans après! Aujourd’hui, dire qu’on incarne le Tantra « d’origine » c’est du marketing et ça n’a pas de sens. Il me semble plus juste de dire qu’il existe des textes d’origine transmis oralement de maître à disciple puis écrit en sanskrit il y a environ 2000 à 2500 ans sur lesquels nous pouvons appuyer notre pratique. Mais ces textes sont interprétés dans notre langue et adaptés à notre culture. Le Tantra vient répondre à nos questions, à nos manques, nos besoins de comprendre comment nous comporter avec notre corps, notre besoin de clarification du système émotionnel, besoin de comprendre ce qu’est la sexualité, l’énergie, la relation avec soi et avec plus grand que soi, comment entrer en relation avec la Nature. Ce sont des thèmes abordés par les textes anciens. À nous de les traduire dans notre langage et d’être les plus honnêtes et authentiques dans notre adaptation. L’idée d’estampiller les propositions tantriques rouge, blanc, noir, vert, rose etc., c’est cantonner la pratique tantrique dans une couleur. On ne peut pas dire qu’on ne pratique que le Tantra rouge par exemple, car on ne peut pas proposer des pratiques isolées des autres couleurs. Chaque couleur doit être pratiquée dans la globalité de l’ouverture des différentes portes. Ainsi, on peut considérer qu’il y a des portes d’entrées. Par exemple si j’ai besoin d’ouvrir un peu plus mon coeur, ma porte d’entrée sera un Tantra plutôt vert ou rose. Si au contraire, je cherche plus une connexion plus spirituelle et méditative, je vais être plus dans une couleur blanche. Le Tantra rouge, lui, offre une porte d’entrée axée sur le toucher, le corps. Quant au noir, c’est la porte d’entrée du premier chakra pour aller voir dans notre côté dark et la peur de la mort. Nos propositions sont donc néo-tantriques, inclusives, et vont dans cette échelle des différentes fréquences de couleur et d’énergie accompagner la personne afin que son champ d’expérience soit global même si on va choisir des portes d’entrées différentes selon les besoins.
Est-ce que c'est une secte, une religion ?

Musique indienne, panthéon des divinités indiennes, encens, statues et déco hindouiste, des fois ça peut interroger. On nous parle de mantra, de mudra, de yoga, de bouddhisme même. Certains animateurs vont dans des ashrams se former. Avouons-le vu de l’extérieur et dit comme ça, c’est bizarre. Lors de son premier stage de Tantra, Corinne s’est vraiment demandée où elle était tombée quand deux hommes habillés tout en blanc l’on accueillie.

Selon la Médiluve, « une secte est un dévoiement de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion qui porte atteinte à l’ordre public, aux lois ou aux règlements, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes. Elle se caractérise par la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société. »

Or, le Tantra est la voie royale du consentement, de l’autonomie de décision, du respect de soi et de l’autre. Il ne peut donc s’agir d’une secte mais bien d’un lieu d’apprentissage de la connaissance de soi et de son intégrité physique et psychique.

Ce n’est pas non plus un espace religieux. Le Tantra contemporain, tel que nous l’enseignons est profondément laïc tout en étant spirituel. Chacun crée sa voie selon ses ressentis.

 

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